Les galles végétales ou cécidies sont des formations qui ressemblent à des fruits secs ou charnus. Beaucoup sont provoquées par des insectes qui, pour cette raison, sont qualifiés de «gallicoles». Quelques rares galles peuvent être dues à des bactéries ou des champignons. C'est la piqûre de l'insecte qui provoque la réaction du tissu végétal. Ce tissu se met à proliférer très vite, entourant l'œuf de l'insecte. L'excroissance végétale qui en résulte, à la différence d'une tumeur cancéreuse, prend une forme et des couleurs très précises, spécifiques de l'insecte qui l'a provoquée. Les insectes gallicoles sont si petits et les espèces si nombreuses que leur identification n'est pas aisée, même pour un spécialiste ; par contre, l'aspect d'une galle permet d'identifier avec certitude l'insecte qui en est responsable.

Les insectes gallicoles ont une vie très compliquée ; pour donner un exemple, suivons l'un d'entre eux pendant une année, le Neurotère lenticulaire, Neuroterus quercusbaccarum lenticulrais,. C'est en avril qu'apparaissent les adultes. Ce sont uniquement des femelles ; aptes au vol, elles ont 4 ailes membraneuses. La durée de leur vie est d'une quinzaine de jours. Elles n'ont pas besoin de mâles pour produire des œufs qui se développent normalement : elles sont parthénogénétiques. À l'aide de leur tarière postérieure, elles déposent leurs œufs entre les écailles des bourgeons du chêne. Si le bourgeon donne des feuilles, ces feuilles portent des boules vertes parfaitement sphériques de 1cm de diamètre. Si le bourgeon évolue en inflorescence, ces dernières portent des grappes d'éléments plus ou moins sphériques colorés en rose, d'où l'appellation de «galles en groseilles». À l'intérieur de ces galles, l'œuf puis la larve qui en sort, sont protégés par les tissus végétaux qui, de plus, leur apporte une nourriture abondante. Ces galles ne sont pas des protections efficaces à 100% car les écureuils en sont très friands et les mésanges savent les perforer pour y trouver les petites larves A l'intérieur des galles, les larves évoluent en nymphes puis en adultes qui sortent en juin. Cette fois , les adultes, qui ressemblent toujours à de petites fourmis ailées, comptent parmi elles des mâles et des femelles. Après accouplement, les femelles qui ne vivent guère plus de 15 jours, introduisent leurs œufs, à l'aide de leur tarière dans les nervures de la face inférieure des feuilles de chêne. Chaque œuf provoque la formation d'une galle en forme de lentille , de 3 à 5 mm de diamètre. En automne, quand les feuilles tombent, les lentilles se détachent, avec les larves qu'elles contiennent et passent l'hiver sur le sol, protégées par les feuilles mortes et l'humus .En avril de l'année suivante, de ces petites galles en lentilles, sortent des adultes, uniquement des femelles, et le cycle recommence. Le Neurotère lenticulaire présente une adaptation remarquable au cycle saisonnier du chêne, essence à laquelle il est inféodé. Au printemps, la situation des femelles pondeuses est très différente de celle rencontrée en été. Pourtant, elles adaptent parfaitement leur comportement à un point tel que cette seule espèce semble correspondre à deux espèces différentes.



En haut : galles de N. lenticularis ; en bas : »galles en bouton de guêtre » de N. numismalis. Ces deux espèces entrent en compétition pour la possession des meilleures zones de la feuille.

C'est le chêne qui porte le plus grand nombre d'espèces d'insectes gallicoles soit environ 200.La plus grande partie de ces galles est provoquée par des Hyménoptères de la famille des Cynipidés (probablement une centaine dans notre bocage).

La «pomme de chêne», provoquée par le Cynipidé Biorhiza pallida, est très spectaculaire. Cette grosse galle charnue qui se forme au printemps peut atteindre 4 cm de diamètre et contenir plus de 200 larves. Ces galles tombent sur le sol et donnent naissance à des femelles parthénogénétiques qui vont pondre dans les racines du chêne, y provoquant l'apparition de galles souterraines en forme de «truffes». C'est en hiver que des femelles parthénogénétiques sans ailes sortent de ces galles racines et grimpent sur les troncs pour aller pondre sur les bourgeons qui formeront des «pommes de chêne» et le cycle est bouclé.

D'autres Cynipidés sont inféodés au chêne : Cynips divisa, semblable à de petits œufs d'oiseaux, Cynips Kollari, Cynips quercuscalicis, Diplolepsis longiventris, Diplolepsis quercus-folii, Andricus testaceipes.

Toutes sont communes dans les chênes de haute venue du bocage des Mottais-l'Hourmel mais il en existe bien d'autres qui, sans risque d'entraîner une disparition d'espèces peuvent être l'objet d'une collection très esthétique. Dans notre bocage, où la vie est relativement bien équilibrée, les insectes gallicoles ne portent pas préjudice aux chênes. Les insectes gallicoles sont tout comme les chenilles, victimes de parasites qui déposent leurs œuf à l'intérieur des galles. L'une de nos photos présente un de ces insectes avec sa longue tarière lui permettant de perforer les « pommes de chêne ». Notons que le chêne n'est pas le seul végétal à avoir l'exclusivité des galles, presque tous les arbres, arbustes et plantes sont dans ce cas. Ainsi l'églantier, qui porte le spectaculaire « bédégar ».